Les plus beaux villages de Wallonie: Barbençon, terre d’histoire

Voici les cinq destinations de vacances préférées de nos lecteurs

Mais le bâti n’est pas le seul atout de Barbençon, dont le côté nature est tout aussi charmant. Le bourg s’implante à la charnière de la Fagne-Famenne et du plateau limoneux hennuyer. De douces ondulations caractérisent ainsi les paysages environnants. De plus, le relief accidenté dessiné par le ruisseau de Barbesigneau a modelé l’organisation du village, qui se présente sous une forme organique, façonnée par une succession d’ensembles bâtis alternant avec des écrans végétaux. Avec quatre monuments classés et quarante-trois inscrits à l’inventaire régional du patrimoine, les rues et venelles de Barbençon ont beaucoup à offrir. Découvrons-en ensemble quelques morceaux choisis.

Le patrimoine religieux

L’église Saint-Lambert est l’héritière de diverses campagnes de construction. La tour-porche gothique a été érigée en 1589 avant d’être remaniée et rehaussée en 1720, tandis que les trois nefs de style gothique, datant du dernier tiers du XVIe siècle, ont été modifiées en 1666-1669. Enfin, le transept et le chœur, de style classique, ont été érigés dans le premier tiers du XVIIIe siècle. La dédicace de l’église rappelle que, jusqu’en 1559, Beaumont et sa région se trouvaient dans le diocèse de Liège, dont le patron était saint Lambert. Une des entrées du sanctuaire, située du côté est de la tour, est surmontée d’une pierre sculptée avec un Christ en croix. Une autre entrée, percée dans un des bas-côtés de la nef, est caractérisée par une porte gothique dont l’arc est flanqué de la date de 1666. Au-dessus se trouve un très beau panneau sculpté portant les armoiries et la devise des princes de Barbençon, détenteurs de la puissante seigneurie du village. L’importance de la localité sous l’Ancien Régime se traduit en effet dans la taille de l’église, qui possède notamment un transept véritable, chose rare pour un édifice de ce rang. À l’intérieur, des piliers toscans soutiennent la nef, couverte d’un berceau lambrissé et pavée de dalles de terre cuite, de marbre gris et de marbre rose. L’église est classée depuis 1955.

Barbençon ©Vincent Rocher

Le village compte aussi deux potales et une chapelle, dont les appellations se confondent parfois. Surnommé “chapelle” par les habitants, l’édicule dédié à saint Joseph est pourtant un exemple monumental de potale, un terme wallon qui ne trouve pas de traduction littérale en français : il est le diminutif du terme pote, qui signifie petit trou. À Namur et dans le Hainaut, potale est traduit par niche ou chapelle. À Liège, la potale désigne conjointement le creux réservé dans le mur pour marquer la propriété et la niche abritant la statue d’un saint. Par analogie, le terme désigne également les petites caisses en bois accrochées aux murs des maisons. Lorsque la potale quitte le mur et se pose sur un piédestal, elle est nommée borne-potale ou niche sur pied.

Érigée en style baroque, en calcaire et marbre rouge, la potale de Barbençon date de 1656. Elle abrite une statue de saint Joseph avec l’Enfant en bois polychromé, datant du XVIIIe siècle. Richement décorée, elle est caractérisée par une niche en plein cintre, entourée de pilastres et posée sur un piédestal portant un cartouche gravé de l’inscription suivante : “Les enfans de Noël des champs ont érigé ceste chapelle en mémoire de leur père qui a este accablez dans une quarrieres le I septembre 1642. L’an 1759, le s[ieur] Louis François Joseph Rouvez ma fait rétablir”. L’ensemble, surmonté d’un arc en bossages, d’une seconde niche du XIXe siècle flanquée de candélabres sur volutes et d’une croix, est classé depuis 1987.

Barbençon
Barbençon ©Vincent Rocher

Plus loin, la chapelle Notre-Dame de Lumière est elle aussi une potale. Située dans les bois, au lieu-dit Le Fayt, elle a été érigée en calcaire en 1817. La niche cintrée fermée par un grillage en fer est surmontée d’une tablette portant l’inscription suivante : “Le sr Jean Joseph Charron a fait rétablir”. Au-dessus, un amortissement à volutes porte la dédicace “Notre-Dame de Lumière, priez pour nous, anno 1817”. La chapelle Sainte-Anne est, quant à elle, bel et bien une chapelle. Isolée au milieu des champs sur les hauteurs du village, elle a été bâtie en moellons de calcaire au XVIIIe siècle, comme le mentionne un chronogramme situé au-dessus de la porte d’entrée : “Sainte Anne, priez pour nous, anno 1779”. Une seconde inscription est présente sur un panneau sculpté d’un Christ en croix.

Un patrimoine villageois

La Perruque est une belle ferme clôturée du XVIIe siècle, dont les bâtiments en moellons de calcaire ont assez bien conservé leur aspect d’origine. On accède à l’ensemble, au sud, par un portail composé d’une porte charretière et d’une porte piétonne. À gauche du passage charretier se devine une petite archère. À droite de la cour centrale se trouve le logis, établi sur un plan en L et qui, côté cour, arbore une façade longue et basse, percée à chaque extrémité d’une porte. En face du logis se situe un ancien corps d’habitation. Le dernier côté de la cour a été fermé tardivement par un mur isolant les dépendances. Seule l’une d’entre elles, située à droite de l’entrée grillagée, date encore du XVIIe siècle; les autres sont le fruit de campagnes de construction et de remaniement opérées aux XVIIIe et XIXe siècles. La ferme de la Perruque a été classée comme monument en 1988.

L’ancienne maison communale se positionne face à l’église. Elle remonte à 1782, comme l’indique un cartouche gravé sur la façade. Devenu siège de l’administration communale, l’édifice est agrandi d’une travée au XIXe siècle. La façade, haute de deux niveaux, présente des teintes de calcaire gris clair ou foncé. Les baies sont dotées de linteaux échancrés sur jambages harpés.

Vacances : voici pourquoi entrer le dernier dans l’avion est une bonne idée

L’une des faces de la bâtisse donne sur la rue des Marbriers, qui compte plusieurs belles maisons traditionnelles. Implantées selon la pente douce de la voirie, elles possèdent parfois de hauts perrons permettant d’accéder à la porte d’entrée. C’est le cas de la bâtisse située au no 15, à laquelle une ample toiture à coyaux confère une impression de hauteur. Plus loin, dans la rue de l’Étang, une très belle ferme attire le regard. Ses divers corps de bâtiments, en forts moellons de calcaire, sont disposés en équerre, créant ainsi un intéressant jeu de volumes qui créent un enchevêtrement géométrique. Des murets clôturent cette propriété dont le bâtiment central date de 1756, tandis que la grange, percée de portes charretières, a été édifiée trois ans plus tôt.

Enfin, le château des seigneurs de Barbençon, témoin privilégié de l’Ancien Régime, existe toujours. S’il domine un lac, il n’a toutefois conservé de sa gloire passée qu’un châtelet d’entrée cantonné de deux tours circulaires. Derrière, soutenue par une terrasse, se trouve une bâtisse de style néoclassique datant de 1825, en briques et calcaire. Plus loin, une ancienne tour circulaire en moellons, comprise dans un haut mur de soutènement, est un vestige de l’enceinte défensive du château.

Barbençon
Barbençon ©Vincent Rocher