Gares, abattoirs, châteaux, thermes… À la découverte de l’éclectisme en Wallonie, un style d’architecture digne d’un trésor

L’Institut d’hygiène et de bactériologie du Hainaut à Mons

Inauguré en 1911 au boulevard Sainctelette, il est le résultat du travail des architectes Fernand Symons et Paul Dubail. Construit sur un plan en T, l’édifice comprend trois niveaux de hauteur dégressive. Pilastres colossaux, rythme vertical, bossages et décorations antiques : de tendance néo-Renaissance, son style est pourtant bien éclectique, puisant aussi son inspiration dans l’Art nouveau. Le hall d’entrée, avec son escalier à double volée en marbre beige bordé d’une balustrade de fer battu, est le seul élément d’origine. Pour le reste, rien ne subsiste de la structure du bâtiment dans lequel l’actuel Institut provincial d’hygiène et de bactériologie poursuit ses activités.

Les abattoirs à Mons

Érigé entre 1850 et 1854 par l’architecte Charles Sury et en activité de 1855 à 1984, ce vaste ensemble disposé autour d’une cour pentagonale gardée par deux pavillons quadrangulaires se trouvait à l’origine en bordure de la Trouille, dans un quartier alors dévolu à la pêche. Les différents corps de bâtiments d’un seul niveau, rythmés à intervalles réguliers par des avant-corps ou un porche, font un très large usage de la brique, sur laquelle se détachent des éléments de pierre bleue tels que colonnes, encadrements de fenêtres cintrées ou circulaires, arcatures… Restaurés et accessibles au public, les anciens abattoirs ont pour vocation d’accueillir des manifestations et expositions temporaires consacrées à la création plastique contemporaine, ce que permettent ces très grands volumes.

L’électisme en Wallonie. ©Vincent Rocher, Marie Lambert et Guy Focant

Le château Jadot à Marche-en-Famenne

En 1910, Léon Jadot décide de faire édifier un “château” à côté de l’antique propriété familiale. Achevé dès 1911, la nouvelle demeure impressionne par une complexité et une modernité qui lui donne cet aspect révolutionnaire, a fortiori dans le contexte marchois du temps. Son aspect extérieur est en effet rébarbatif et compliqué et l’intérieur est extrêmement déroutant par le mélange qui y est fait de plusieurs styles décoratifs. L’extérieur est constitué de façades de briques de laitier jaunes régulièrement soulignées de cordons horizontaux en calcaire, matériau dans lequel sont également réalisées les baies et les décorations. C’est depuis la rue que l’ensemble apparaît le mieux dans son intéressante complexité. Un double perron bordé d’une rampe à balustres donne accès au rez-de-chaussée. Surélevé, celui-ci se découvre par une entrée monumentale flanquée de deux colonnes lissées soutenant un épais entablement de décors Art nouveau. Le château accueille aujourd’hui des activités associatives, sociales ou artistiques.

La gare de Verviers-Central

En 1925, les plans des architectes Émile Burguet et Charles Thirion sont approuvés pour la construction d’un monument architectural luxueux. Il est aujourd’hui représentatif d’une époque florissante pour la cité lainière. Son bâtiment principal est une construction de 75 m de long sur 21 m de large et 22 m de haut, composée d’un corps central flanqué de deux ailes. La partie centrale, délimitée par deux donjons en saillie surmontés de clochetons et d’un fronton garni d’une horloge, présente une immense baie vitrée de laquelle se détachent deux statues représentant les métiers de la ville de Verviers, le fileur et le tisserand, plantées de part et d’autre d’une roue ailée. Sous les fenêtres du premier étage, sur toute la façade, de nombreux bas-reliefs racontent les vieux métiers et les moyens de locomotion anciens et modernes. L’architecture de la salle d’attente est également imposante : marbres polis noirs et clairs, plans cimentés, briques rouges, fer forgé noir. La gare de Verviers-Central a été et reste un monument de grande allure, conçu pour séduire.

L'électisme en Wallonie.
L’électisme en Wallonie. ©Guy Focant

Les anciens thermes à Spa

L’établissement des bains, œuvre du Bruxellois Léon Suys, développe une architecture éclectique à l’abondante décoration (fronton sculpté, statues allégoriques, jeux de pilastres, etc.). Ce même amour du décor se retrouve dans l’imposant hall d’entrée, signé du peintre décorateur Joseph Carpay, où se déploient des sujets mythologiques et de nombreuses références à l’Antiquité, jouant sur les reliefs, les couleurs et les matériaux (stucs, peintures, faux marbres). Le hall abrite deux fontaines alimentées par les sources qui ont fait la renommée de la cité thermale, la source de la Reine et la source ferrugineuse Marie-Henriette, captée sur les hauteurs de Nivezé et amenée par 3 km de tuyaux de fonte. Le plan de l’édifice, tout en longueur, est dicté par la pratique thermale. Il englobe une cour centrale sur quatre niveaux dont les trois premiers s’articulent de manière analogue en locaux destinés aux bains, vestiaires, cabinets médicaux, etc., placés de part et d’autre d’un couloir qui sépare les genres depuis les salons d’attente différenciés, accessibles par le hall d’entrée.

Les gares de Jurbise et d’Ath

Particulièrement bien implantée et accompagnée de deux dépendances, la première est construite en 1876 dans un style éclectique teinté d’un esprit cottage. C’est l’une des plus belles gares de la province du Hainaut. De silhouette asymétrique, elle comporte un corps central à trois niveaux, encadré d’un côté par une courte aile avec une fenêtre en façade et de l’autre par une aile de huit fenêtres, nettement plus longue. Elle se distingue par son aspect décoratif lié à l’utilisation en alternance de briques jaunes, de briques rouges et de pierre calcaire, ainsi qu’à ses châssis et ses décors en céramique placés en médaillons.

L'électisme en Wallonie.
L’électisme en Wallonie. ©Vincent Rocher, Marie Lambert et Guy Focant

L’architecte De Blieck réalise les plans de la gare d’Ath en 1892. Il s’agit d’un ensemble éclectique d’inspiration généralement néogothique, mais avec des éléments romans ou Renaissance. La station forme un ensemble de trois grands bâtiments en briques et calcaire. Elle reste un bel exemple du style éclectique à prédominance néogothique.

Le conservatoire de Liège

Cet imposant édifice de style éclectique à dominante néo-Renaissance a été commencé d’après des plans de Louis Boonen et achevé en 1886 par l’architecte Laurent Demany, après d’importantes modifications aux plans primitifs. La façade principale est animée par trois avant-corps dont un, au centre, de trois travées sur trois niveaux. Ce dernier, érigé en pierre blanche de Gobertange et calcaire, est rehaussé de colonnes monolithes en granit brun poli. Le bâtiment est couvert de toitures mansardées. L’intérieur a conservé une salle superbement décorée, comportant des peintures d’Émile Berchmans et d’Edgar Scauflaire.

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La synagogue de Liège

Bel exemple d’éclectisme, cette synagogue, conçue par l’architecte Joseph Rémont et inaugurée en 1899, se distingue par l’utilisation d’éléments architecturaux issus des répertoires romain (chapiteaux qui se veulent composites), roman lombard (frise d’arcatures visible sous les corniches, par exemple) et islamique (arcs outrepassés notamment). Offrant une alternance de pierre blanche et de bandeaux de couleur rouge sur soubassement en pierre bleue, la façade est dotée d’une entrée principale bordée de colonnes à chapiteaux byzantins et surmontée d’un arc outrepassé.

Le palais de fêtes à Mouscron

Bâti en 1923 par l’architecte Martial Remy à l’initiative de la société coopérative La Fraternelle, ce complexe possédait à l’origine deux ailes placées en L, l’une abritant une salle de cinéma, l’autre une salle de bal ainsi que des bureaux. Cette aile, qui répond au nom de “maison picarde”, est la seule à avoir survécu. Derrière sa façade, où se détache une travée centrale couronnée par un fronton, elle conserve un patrimoine bien caché : la salle de bal de l’étage possède en effet une décoration aujourd’hui classée composée de panneaux de carrelages représentant les temps forts de l’émancipation ouvrière.

L'électisme en Wallonie.
L’électisme en Wallonie. ©Fabrice DOR SPW DGO4