À la rencontre des Premières Nations du Canada, un peuple profondément pacifiste qui perpétue ses traditions ancestrales
Pour mieux comprendre l’histoire de ces peuples, nous avons eu la chance d’aller à la rencontre d’une communauté : les Hurons-Wendat. Situés au Quebec au Canada dans la réserve de Wendake, ces autochtones sont fiers de leurs racines et désireux de partager leurs savoirs et leur histoire. Au Quebec, on compte onze nations autochtones. On pourrait presque les comparer à des survivants quand on connaît le triste destin qu’ont vécu les premiers habitants d’Amérique et le traitement subi par les colons. Beaucoup ont perdu la vie lors d’affrontements perdus d’avance, puisque les Colons disposaient d’armes à feux, tandis que les autres ont péri après avoir été contaminés par de nouvelles maladies véhiculées par ces occupants. Au Canada, les Autochtones ont semble-t-il eu un peu plus de chances qu’aux États-Unis, puisque la plupart des Colons n’ont pas eu recours à la violence. Il n’empêche que les Wendats qui étaient autrefois 100 000 et ne sont plus que 3 000 aujourd’hui.
Un peu d’histoire
Pour comprendre cette diminution accrue de la population, il faut remonter en 1609. Les Hurons-Wendats (surnom hérité en raison de leur coupe de cheveux traditionnelle) étaient en guerre contre les Iroquois à l’arrivée des Français dans la région. L’alliance franco-wendate et les alliances formées par les Iroquois avec les Néerlandais, puis avec les Anglais, imbriquèrent cette guerre à celle des puissances colonisatrices. Fusils et couteaux en acier accrurent la mortalité au sein des combats, et dès 1649 les Iroquois massacrèrent les Wendats. Un groupe d’environ 300 Wendats catholiques se réfugia près de la ville de Québec après la dispersion de leur peuple par les Iroquois. Leurs descendants y vivent dans la réserve indienne de Wendake. C’est donc loin de leur terre d’origine que vivent les Wendats d’aujourd’hui. Néanmoins, ce déplacement géographique ne les empêche pas de vivre encore en adéquation avec la nature et leur environnement.
À l’arrivée des colons, les Wendats ont été obligés de revoir leur mode de vie. Jusque-là, ils vivaient dans ce que l’on appelait des maisons longues. Des habitations longues et étroites, qui pouvaient accueillir plusieurs dizaines de personnes, souvent composées d’une seule pièce, et fabriquées à base de bois et d’écorce. À l’intérieur de ces maisons, plusieurs feux crépitaient nuit et jour, le symbole de la vie. Les faibles aérations de ces maisons, puisque les habitants ne souhaitaient pas révéler leur emplacement à leurs ennemis, faisaient que l’intérieur était très enfumé. De ce fait, la population ne vivait pas très âgée. Ces habitations étaient en général occupées une quinzaine d’années. Les autochtones laissaient ensuite la terre se reposer et construisaient une nouvelle villégiature ailleurs. Les Colons ont imposé aux Wendats de vivre dans des maisons européennes et de laisser de côté les maisons longues. Néanmoins, il est possible aujourd’hui d’en visiter une, puisque l’hôtel des Premières Nations en a reconstruit une à l’identique, derrière un impressionnant mur de défense en bois. L’hôtel abrite également un musée dédié à l’histoire des Wendats. Les soirs, il est possible de découvrir cette histoire à travers un parcours ludique et immersif dans les bois. Shows luminaires, musiques, œuvres en métal, projections… La promenade dure une heure et est un spectacle à elle seule qui vaut le détour.
Dans la suite des changements imposés par les colons, les Premières Nations ont été obligées de délaisser leurs croyances pour la chrétienté. C’est ainsi qu’ont vu le jour les écoles résidentielles au Canada. Il s’agissait d’une forme d’enseignement public en internat destiné aux Autochtones. Des institutions destinées à scolariser, évangéliser et assimiler les enfants autochtones. Ces pensionnats existaient encore dans les années 90 et ont été le théâtre de nombreux abus : viols, disparitions, violences… Les langues commencent seulement à se délier. C’est aujourd’hui toute une génération qui vit meurtrie et qui tente de se reconstruire.
Une richesse culturelle inouïe
Il faut dire qu’aujourd’hui encore, les Premières Nations vivent avec de nombreuses injustices, malgré le fait que le Canada soit un pays démocratique. Ainsi, jusqu’à l’âge de 99 ans, ils sont considérés comme des mineurs et ne peuvent pas être propriétaires. La loi des Indiens est d’ailleurs toujours dans la constitution du pays. Elle interdit aux membres et aux communautés des Premières Nations d’exprimer leur identité par des activités liées à leur culture ou à la gouvernance. Fort heureusement, la situation s’est quelque peu assouplie, et les Premières Nations parviennent à exprimer leur culture lors de divers occasions, comme les pow-wow. Ce sont des événements regroupant diverses communautés autochtones, souvent ouverts au grand public, visant à célébrer les divers aspects personnels et culturels de la spiritualité, la communauté et l’identité autochtone.
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Par chance, le pow-wow annuel de Wendake se tenait justement le week-end de notre venue. Nous avons ainsi eu la chance de pouvoir observer de près les tenues traditionnelles des Wendats, leurs danses et leurs chants. Chacun de ces rituels à pour but de remercier la nature, puisque les Autochtones croient fermement que tout objet provenant à la base de la nature est doté d’un esprit. Une table en pierre, des chaises en bois, une lampe en papier… Tous ces objets sont donc dotés d’un esprit. Les Wendats étaient avant tout un peuple pacifiste. Ils n’avaient recours à la violence que lorsqu’ils n’avaient pas d’autre choix. Dans certains cas, ils préféraient régler leurs comptes à travers un match de cross canadienne, un sport mondialement connu qui trouve ses origines chez les Premières Nations.
Aujourd’hui, nous assistons à un renouveau de la culture des Wendats. Ils sont nombreux à vouloir réapprendre les traditions de leurs ancêtres, leur langue d’origine et leurs coutumes. On découvre alors qu’à l’origine de tout, dans la tradition des Wendats, deux mondes coexistaient : celui du ciel et de la mer. La mère fécondatrice est ensuite tombée du ciel pour peupler la terre. La femme a d’ailleurs une place prédominante dans la culture des Autochtones. Elle est synonyme de vie. Les femmes aînées étaient de véritables sages que l’on venait trouver pour se faire conseiller. C’étaient elles, également, qui nommaient les chefs des villages. La femme avait même le droit d’avoir des amants quand les hommes devaient eux être fidèles. Le patriarcat n’existait tout simplement pas. Aujourd’hui, les chefs de tribu sont élus grâce au vote, un énième changement imposé par les colons.
Il est difficile de condenser en un seul article la richesse de l’histoire des Wendats. C’est une culture qui se vit, s’entend et s’observe. Tous les habitants de Wendake sont d’ailleurs prêts à partager leur histoire avec tous les étrangers bienveillants. Cette petite bourgade, située à deux pas de la ville de Québec, se révèle être une étape obligatoire pour tous les voyageurs de passage dans la région. L’endroit ne pourra que vous séduire de par la multitude des rituels que les Autochtones observent encore aujourd’hui et leurs traditions ancestrales.