À la découverte des œuvres de l’un des piliers de l’architecture belge, entre modernité et traditionalisme
Son architecture, inspirée des styles anciens mais surtout traditionnels, est moderne dans sa conception et ses matériaux. Retraité au début des années 1930, il meurt à Ixelles en 1936. Son œuvre en Wallonie est importante. Bon nombre de ses réalisations parvenues jusqu’à nous sont inscrites à l’inventaire régional du patrimoine. Certaines sont classées et l’une d’elles, l’ensemble du stade des jeux et du théâtre de verdure à Namur, est inscrite sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie. Partons à la découverte de quelques morceaux choisis.
Une profusion de belles villas. Spa, lieu de villégiature privilégié de la bourgeoisie – fidèle cliente de Georges Hobé –, a vu ses hauteurs se couvrir de villas au tournant des XIXe et XXe siècles. Les productions de Hobé, souvent d’inspiration anglo-normande et utilisant des matériaux locaux, s’inscrivent harmonieusement dans le cadre qui les accueille sans toutefois négliger le confort et la fonctionnalité. On peut notamment évoquer la pittoresque villa Little Lodge (1899), bâtie sur un soubassement de grès et dotée de pans-de-bois sur chaque façade. La couverture d’ardoises y est animée de lucarnes variées. La villa La Brise (1910), située dans le quartier de Balmoral, est assez différente, puisque entièrement bâtie en moellons de grès. C’est également le cas de la villa Le Soyeureux (1911), dont chaque façade possède une identité propre obtenue par des variations dans le traitement des portes et fenêtres.
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Mais bien d’autres villes wallonnes conservent des témoignages de l’œuvre de Georges Hobé. Évoquons tout d’abord le village de Dave (Namur), situé en bord de Meuse, ce qui en faisait un lieu de vacances privilégié. Sont parvenues jusqu’à nous la villa Les Arondes (1903), la villa Les Nutons (1909) ou encore la villa Le P’tit Vêvy (1924). Une des plus intéressantes et des mieux conservées est probablement la première, parfois aussi appelée villa Swolfs, du nom du médecin qui la commanda à Georges Hobé. Élevée en moellons de grès et de calcaire, elle comporte plusieurs caractéristiques du langage de l’architecte : mouvements dans la toiture, terrasse couverte, oriel d’angle polygonal sur deux niveaux, discrets ornements…
À Tilff (Esneux), c’est une ancienne maison éclusière qui retient l’attention. Cette bâtisse d’un seul niveau, en pierre du pays, est coiffée d’une bâtière d’ardoises largement débordante au pignon, ce dernier étant partiellement orné d’un colombage. L’entrée est marquée par un portique en bois coiffé d’une petite toiture. Ces caractéristiques régionales se retrouvent dans la très belle maison du barragiste à Fétinne (Liège), à la pointe de la confluence entre la Meuse et l’Ourthe. Bâtie dans le cadre de l’exposition universelle de 1905, elle a tout récemment été attribuée à Georges Hobé. Elle aussi ressemble à s’y méprendre à un cottage anglais.
Les lieux de détente. À côté de ces maisons unifamiliales, Georges Hobé est aussi reconnu pour une série d’œuvres à destination du public. Avec l’apparition du tourisme à grande échelle au long du XIXe siècle, une série de bâtiments se développent : hôtels, restaurants, salles de spectacle, mais aussi des salles de jeux. Ces dernières apportent aux villes d’imposantes rentrées financières. Le nouveau casino de Namur, appelé “Kursaal”, a été édifié entre 1906 et 1914 sur les plans de Georges Hobé. L’ensemble d’origine, modifié par la suite, présente deux pavillons en bord de Meuse reliés par une galerie couverte. Les splendides toitures très étudiées, avec leurs épis de faîtage, s’accordent parfaitement à la réputation de l’architecte, passé maître dans l’art de couronner les édifices.
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En face du casino, et sur plusieurs centaines de mètres, c’est également à Hobé qu’on doit les promenoirs de Meuse, des garde-corps en pierre de taille conçus en lien organique avec le casino. Anecdotiques à première vue mais très intéressants lorsqu’on s’y attarde, les abris pour promeneurs et les aubettes de trams implantés dans le quartier spadois de Balmoral attirent l’attention. Ces constructions en bois peint, dotées de banquettes et protégées par des toitures en pavillon, sont aujourd’hui classées comme monuments. Très bien restaurées, elles témoignent d’un souci tant architectural que paysager.
Mais la réalisation la plus magistrale de Georges Hobé est située au sommet du célèbre site de la citadelle de Namur. Dès 1906, la ville lui confie un titanesque projet de mise en valeur de la colline qui va l’occuper jusqu’en 1914. L’objectif est de moderniser Namur et de la positionner sur la carte des lieux de villégiature à la mode. Le point fort du projet consiste à créer un stade des jeux et un théâtre de verdure en plein air en utilisant le béton armé, suivant le procédé Hennebique.
Le résultat renoue avec un classicisme formel revisité par une modernité tant graphique que technique. Adossées l’un à l’autre, la tribune taillée dans la roche du théâtre et celle en béton du stade rivalisent de monumentalité. Les deux édifices forment des volumes importants qui attirent l’attention dans le paysage. Inaugurés en 1910 et désormais inscrits sur la liste du patrimoine exceptionnel, ils vont faire l’objet d’une importante campagne de restauration.
Acteur majeur d’une période de bouleversements architecturaux, Georges Hobé est passé maître dans l’art d’allier tradition et modernité. Ses œuvres, caractéristiques d’une ère foisonnante, constituent des témoins importants de la Belle Époque.